«La Palme de l’Oasis 14» LE TOURISME MAROCAIN – Août 2025 : ENTRE AMBITIONS ET REALITES, MES REFLEXIONS SUR L’AVENIR !
Etioler le tourisme – Jusqu’à quand – Jusqu’où
Le Maroc traverse une période de succès éclatants sur la scène internationale, grâce à ses percées diplomatiques, économiques et, plus récemment, avec l’incroyable parcours de son équipe de football. Ces réussites ont naturellement nourri une ambition légitime des responsables politiques du tourisme Maroc et des professionnels : celle de propulser le Royaume du Maroc au rang de destination touristique mondiale de premier plan.
Cependant, derrière cette façade de succès se cachent des défis profonds et urgents, qui, s’ils ne sont pas redressés, risquent d’entacher l’image du Maroc et de compromettre la durabilité de son industrie touristique.
Aussi ce sera encore une fois en ma qualité de Past président de la commission Durabilité Tourisme Maroc au sein de la CNT et de la FNIH, que je vous relance une nouvelle fois cet appel à la prise de conscience. C’est en tant que critiques constructives, percutantes et passionnées, qui alertent sur un décalage inquiétant entre la vision « TOP-DOWN » actuelle et la réalité du terrain. M’appuyant sur mon expérience de plus de cinquante années au Maroc, et de quarante pour ce tourisme marocain que je viens à nouveau dénoncer une focalisation excessive sur les mégaprojets (hôtels de luxe, stades, grandes infrastructures) et les événements internationaux (CAN 2025, Coupe du Monde 2030), certes respectables ! mais pourquoi uniquement et concrètement au détriment d’une approche plus inclusive et pérenne.
Pour moi le constat est alarmant : vu la déconnexion des responsables avec le réel !
Les propos actuels sur les réseaux révèlent toute une série de problèmes qui menacent l’industrie touristique marocaine, certains diront que ce n’est en cela que de la fausse propagande, le fait que ce soit pour beaucoup la Diaspora qui les diffusent interroge ?
Une nouvelle fois je rappellerai cette approche « TOP-DOWN » des marketeurs et influenceurs qui marginalise !
La stratégie actuelle, axée sur le luxe et les chaînes hôtelières étrangères comme marocaines, est considérée comme déconnectée des réalités socio-économiques du pays du fait qu’aucune gouvernance leur impose cette volonté de Régionalisation avancée que préconise Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Elle marginalise la classe moyenne marocaine et les petites entreprises, rendant les services touristiques inaccessibles et créant une vulnérabilité économique face à la dépendance de quelques acteurs majeurs. Le boom des deux dernières années est perçu comme un simple contrecoup postconfinement de la COVID et non-retour des MRE pendant deux années, ne garantissant en rien une croissance solide à long terme et ces élans d’embellie que l’on ne cesse de faire valoir.
Le Tourisme Marocain est malade de son fléau de l’informel et de son manque de gouvernance
Une nouvelle fois je ne peux que dénoncer cette émergence d’un tourisme informel qui, par manque de régulation et de contrôle, échappe à toute fiscalité, ne garantit aucune qualité de service et crée une concurrence déloyale pour les professionnels. Ce laisser-aller, je l’avais déjà souligné en 2022 devant Mme la Ministre du Tourisme, et identifié comme une « tare » qui proliférant, faute de réactions et risquerait d’altérer l’image du Maroc en tant que destination sûre et accueillante.
Je réitère et corrobore que le manque d’un partenariat public-privé solide d’une Haute Autorité Touristique capable de mesurer les ardeurs de certains par rapports aux intérêts globaux d’une industrie touristique à naître d’une part et d’autre part d’une gouvernance cohérente a ouvert la porte à de trop nombreuses dérives, impactant la réputation et le tissu même de l’industrie touristique, les acteurs locaux, notables et élus réunis, ayant été écartés de ces transformations, ayant créé leurs propres habitudes, actions et réactions de terrain.
Malgré les effets d’annonces ! Mêmes nos pourvoyeurs dénoncent une stratégie marketing lacunaire
mettant en lumière l’absence d’une stratégie de marketing territoriale « lisible, continue et professionnellement fondée ». Des villes comme Marrakech souffrent d’un pilotage promotionnel réactif et événementiel, manquant d’un véritable « storytelling » pour se démarquer de la concurrence. La baisse des taux d’occupation à Marrakech en juillet 2025 est perçue comme un signal d’alarme sérieux, soulignant le risque de perdre du terrain face à des concurrents comme le Portugal ou la Grèce qui investissent massivement dans leurs attractions, attractivités et images.
Une nouvelle fois je fais appel à la responsabilité, sinon au redressement sachant qu’en cela pour les 5 années à venir des pistes pour un tourisme durable peut remédier à ces défaillances notables !
Face à ce constat, j’ai à propose ces recommandations concrètes et audacieuses, qui s’articulent autour d’un rééquilibrage stratégique. Il s’agit de concilier l’ambition des grands projets avec une approche plus humaine et inclusive dans un mixte où la population se sentira concernée pour agir, réagir !
Aussi je propose donc de redéfinir la stratégie touristique pendant qu’il en est encore temps !
En définissant qu’il est impératif d’adopter une approche mixte, à la fois « TOP-DOWN » et « BOTTOM-UP » afin non pas d’aller contre l’informel, mais en faisant en sorte de l’attirer vers le formel. Cela implique de diversifier l’offre touristique pour la rendre accessible à la classe moyenne marocaine et aux touristes aux budgets plus modestes. Le soutien aux PME locales, le développement de l’écotourisme, du tourisme rural et culturel devant être mis en avant comme des leviers essentiels pour une répartition régionale plus équitable des richesses.
La libéralisation des prix doit être reconsidérée, et l’animation, le numérique, les agences, les loueurs de voitures, le MICE ayant à prendre en considération qu’ils doivent être intégrés comme réintégrés dans les offres pour tous.
Enfin je ne pourrais pas conclure, sans réclamer ou du moins demander, à ce que la gouvernance et la régulation soient, non seulement enforcée, mais réinventées !
Une gouvernance transversale, forte et transparente sera la clé. J’en appelle ainsi à la mise en place d’un véritable partenariat public-privé (PPP) qui aurait à charge l’établissement d’un cadre réglementaire clair, entre décideurs et professionnels de tous bords, y compris les acteurs décideurs régionaux pour lutter contre l’informel, tout en l’intégrant progressivement dans l’économie formelle par des mesures incitatives de l’usages des taxes employées à la structuration locale. La création d’une Haute Autorité Touristique (H.A.T) est vue comme l’entité capable de gérer ces équilibres régionaux et de fédérer tous les acteurs du secteur (RAM, ONDA, SMIT, CNT, FNIH, ANIT (et oui car l’investissement est fondateur de toutes ces régulations) etc.).
Aussi et compte tenu des efforts que le Maroc engendre par ces investissements colossaux des grands travaux, d’une flotte aérienne de 200 appareils, d’une restructuration de ses aéroports ouvrant les voies de ces nouvelles cultures continentales, exigeantes et si différentes de celles de l’Europe impose d’investir au niveau des ambitions exprimées dans le capital humain et la sensibilisation !
La formation et l’éducation sont au cœur de la solution. Des formations professionnelles pour l’ensemble des métiers du tourisme, la sensibilisation au civisme et l’inclusion sociale des jeunes et des populations marginalisées sont des investissements cruciaux pour une transformation durable. Les acteurs du Tourisme en cela, pour la sécurité des visiteurs et la qualité de leur expérience doivent s’associer aux actions à mener en les SMART CITIES pour être des priorités absolues afin de résoudre ces actions inciviques et incontrôlées qui sont en train de se propager à la vitesse grand « V ». Il fut un temps ou fut instituer la brigade touristique ! Il y a à créer et mettre en place ces brigades municipales formées et des mécanismes efficaces de gestion et de résolution des plaintes.
Enfin je ne puis m’empêcher de demander à ce que soient revues et corrigées ces perceptions des marketeurs qui auront eu booster cette reprise d’après Covid en développant une stratégie marocaine pour ce qu’est le Maroc, par une stratégie marketing culturellement innovante !
Le Maroc a besoin d’un « storytelling » puissant et authentique qui dépasse les simples événements. La stratégie de marketing doit mettre en valeur la richesse et la diversité de toutes les régions vernaculaires et de ses territoires soutenables marocains, au-delà de Marrakech. L’utilisation des nouvelles technologies et des réseaux sociaux doit être stratégique pour véhiculer une image positive et contemporaine, capitalisant sur les succès nationaux pour les traduire en bénéfices tangibles pour l’ensemble de l’industrie.
Pour être le plus clair possible, je conclurais que le Maroc est à un carrefour de son développement touristique : que ses ambitions sont légitimes, mais que rien n’est acquis, et de ce fait, qu’elles ne seront pérennes que si les décideurs et certains professionnels cessent de faire l’autruche, de considérer qu’ils ne sont pas concernés par cette situation de ces réclamations qui entachent gravement l’attractivité du Maroc. Est-ce grave d’avoir à définir que le danger serait de voir les succès éclatants du Maroc, obtenus dans d’autres domaines, être érodés par un laisser-aller dans le secteur touristique.
Il est temps de passer d’une vision axée sur le volume et les infrastructures à une stratégie qui valorise l’authenticité, la qualité de l’expérience, l’inclusion des populations locales et une gouvernance robuste. Ce n’est pas la quantité qui définira le succès ! Ce sera bien en embrassant cette approche holistique que le Maroc pourra non seulement atteindre ses objectifs ambitieux, mais aussi garantir que le tourisme reste un pilier de son développement socio-économique, pour le bénéfice de tous ses citoyens.
Ces propositions pour un tourisme marocain plus juste et résilient ?
Il est grand temps collectivement de définir les leviers qui seront les plus urgents à actionner pour opérer ce changement stratégique ?
Courage à TOUS !
Durabilité touristique Maroc !
Patrick SIMON – 6 Août 2025
