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C’était en Mars 2014 ! nous tirions déjà des plans sur la comète pour mettre en exergue le tourisme interne au Sud Maroc

Entretien avec Patrick Simon, 1 er Vice-président du CRT Guelmim-es Smara
«Géoparc Jbel Bani Sud Maroc »
Nous pensons pouvoir attirer 1 million de touristes dans les années à venir»
Tourisme News : Où en est le CRT Guelmim-es Smara avec le développement touristique de la région ?
Patrick Simon : Le CRT Guelmim-es Smara avec son bureau s’est engagé dans une réflexion générale devant contribuer au développement touristique inclusif de la région. En tant que Conseiller de la Région Guelmim Es Smara, nous avons toujours eu à prendre une position particulière pour que la région et ses 5 provinces, puissent être définies en premier lieu en celle qui leur permet de faire valoir, outre celle du développement d’un tourisme nature, d’offrir toutes les gammes des niches se rapportant aussi bien aux spécificités de la Montagne, des Oasis, du désert, du balnéaire pour résumer « un tourisme entre Oasis et Océan ». En second lieu, nous nous sommes attachés de faire valoir un développement touristique au niveau de la région, caractérisé pour l’instant et dans l’attente des conclusions des projets institutionnels qui se font attendre, dans « l’esprit du routard » que l’on pourrait définir par le besoin d’établissements classés d’étapes, (dans des régions vastes où les distances sont longues) et d’ainsi quadriller le territoire de l’arrière pays.
Par ailleurs et toujours en notre qualité de conseiller, nous nous sommes attelés à déterminer les potentialités touristiques de la région selon leur nature : balnéaire, désert, montagne, culturel, sportif, etc.. et cela au niveau de chacune des cinq provinces considérant ainsi le tourisme au plan régional et non plus uniquement dans une composante balnéaire. Nous avons pour cela effectué les signalisations routières des sites et circuits et surtout communiqué avec l’éditions de nos guides « Les Bons Plans de la Région Guelmim Es Smara » en plusieurs langues, par les éditions de vidéos mises en ligne sur internet et ses réseaux et par la réalisation d’un portail www.portailsudmaroc.com qui a ce jour, avec plus de 30000docs et 20000pages référencées Google, permet de faire valoir nos provinces dans le monde entier.
Par la réalité de ces démarches et les résultats obtenus, nous en sommes arrivés à définir la nécessité d’un développement touristique basé sur une convergence des potentialités « tourisme-artisanat-société civile » permettant ainsi la prise en compte d’un développement d’un « tourisme inclusif » associant ainsi toutes les composantes sociétales de toutes ces régions que les voyageurs étrangers comme nationaux viennent rechercher .
Quel est le potentiel touristique réel de la région ?
Le potentiel touristique de la région a été minoré par les autorités. Au niveau du CRT, nous avons réagi pour corriger certaines incompréhensions qui faisaient que les autorités de tutelle estiment un relevé des nuitées de la région à 15 000 alors que pour nous celles-ci ressortaient autour de 200 000 nuitées.
C’est dire que nous sommes très largement au dessus de l’échelle touristique administrativement admise.
C’est pourquoi nous avons d’abord souhaité faire reconnaître cette région avec ses spécificités avant d’engager des projets institutionnels dans le cadre de la Vision 2020, sachant que la réalisation de ces derniers nécessite deux préalables :
*-une corrélation avec l’arrière pays qui est très riche et
*-une prise en considération de la notion du monde rural selon les volets politiques, techniques et touristiques afin que le tourisme rentre dans le cadre d’un véritable aménagement du territoire.
*-En clair, nous considérons comme absolue nécessité par cette forme de développement intégré de pouvoir éviter que ces projets institutionnels, ne viennent désarticuler un peu plus l’environnement éco-sociétal.
Comment comptez-vous développer le secteur tout en tenant compte de ces conditions ?
Face aux spécificités de la région, nous avons créé des réseaux et développé un tourisme de niches avec des performances positives. D’ailleurs, pour preuve du succès de notre démarche, nous sommes à des niveaux de croissance à deux chiffres au niveau de la région. Durant les 5 dernières années, nous n’avons pas subi les évolutions et contre coups du «Printemps Arabe», ni celui de la crise économique européenne, etc.
Ces évolutions s’expliquent par l’existence d’une clientèle fidèle qui connaît et reconnaît les spécificités de ces régions et qui parcourt parfois plusieurs milliers de kilomètres en voitures pour rejoindre les régions du Sud du Maroc.
Dans ces conditions, et pour ces raisons, nous pensons que la Vision 2020 a besoin d’être dépoussiérée. En effet, si le tourisme marocain arrive à se maintenir, il faut bien noter que, c’est uniquement pour certaines destinations qui tirent bien leur aiguille du jeu.
*-Trop fortement concentré sur Marrakech et Agadir, et dans une moindre mesure sur Casablanca, Fès, Tanger et Rabat l’on remarque bien, pour ces quelques années passées, une re-concentration des activités touristiques au détriment des volontés premières d’un développement touristique à l’échelon national.
*-L’aérien est positionné seulement sur ces villes, suit son évolution pour celles-ci :
…, à ce titre le monde rural, culturel, patrimonial et l’arrière pays sont ainsi de plus en plus abandonnés !
Quelles sont les niches qu’on peut encore développer dans le Sud ?
C’est pour ces raisons que nous avons conçu les bases d’un tourisme adapté aux régions Sud. N’oublions pas que par le fait de ne pas être desservis par l’aérien et nous positionnant entre 300 à 400 km des aéroports, il faut bien admettre que les caractéristiques et particularités de nos régions sont bien certaines pour attirer ces touristes de plus en plus nombreux qui viennent nous visiter.
Nous considérons que les randonnés, les rallyes avec des reconnaissances des circuits, sites agréés, sites religieux, archéologiques, rupestres, patrimoniaux et historiques qui se développent et se développeront dans ces régions avec des investissements accessibles à leurs populations sont les solutions d’un tourisme de demain.
Nous continuons à miser sur le tourisme nature. Ainsi, au niveau de Tata, nous nous sommes engagés, avec le monde scientifique avec la Faculté des sciences de Mohamed V Agdal de Rabat et ses partenaires, et fort de la reconnaissance de 50 sites géologiques uniques au monde, à mettre tous les moyens pour concourir à la labellisation auprès des services de l’Unesco du «Géoparc du Jbel Bani – Tata» permettant d’ainsi créer des circuits allant de Zagora, du Lac Iriki jusqu’à Tan Tan, avec des séjours de 3 à 4 jours, de 7 à 12 jours, grâce à cette nouvelle « niche scientifique » qui aura à être renforcée par trois centres d’astronomie, trois musées de géologie et d’archéologie et des créations d’hébergements adaptés combinant bivouacs, chambres d’hôtes, maisons d’hôtes, écolodges adaptés, petits bungalows, pensions de famille, parfaitement adaptés, aussi bien à un tourisme interne national qu’international.
*-En multipliant de telles initiatives de Zagora à Tan-Tan, nous pouvons créer quelque 90 centres touristiques dans les douars et les communes rurales de ces arrières pays en développant un tourisme durable et responsable qui accorde une place aux populations de ces zones impliquant ainsi les notables de ces différentes régions.
*-Avec le développement de trois parcs régionaux, nous pensons qu’il serait ainsi possible de pouvoir attirer jusqu’à un million de touristes pour cette région sans craindre en quoi que ce soit des formes de sur-tourisme.
*-Pour nous, c’est une alternative dans l’accompagnement de la Vision 2020 pour ces régions enclavées avec des projets à dimensions beaucoup plus réduites et adaptées à l’environnement prenant en compte l’identité des populations de la région pour un développement touristique inclusif et intégré, d’actualité et de demain.
*-Dans le cadre de cette démarche, et afin de retrouver les anciens axes historiques des régions du Sud, nous essayons de mettre en place une confédération des trois CRT des régions Sud afin de pouvoir ensemble entreprendre de développer inclusivement ces régions selon leurs spécificités, sachant que celles-ci représentent à elles seules, 65 % du territoire marocain et cela parallèlement aux définitions des programmes institutionnels programmés.
Votre mot de la fin ?
C’est vrai que de grands changements on été introduits par la Vision 2020. Tanger renaît, Casablanca et Fès se développent, etc. de nouvelles niches de villes historiques et marquée de leur architecture, comme d’autres lieux avec des niches sportives de glisse (parachutisme, surf etc.) commencent à définir ces variantes non encore comprises. Dans ce mouvement, les régions du Sud qui sont les traits d’union entre le Maroc et le sud du continent africain le sont et le seront également.
Elles ont tout en elles mêmes pour redevenir ce facteur de connexion entre le Maroc et ses voisins Maghrébins, d’Afrique subsaharienne mais aussi des Iles Canaries.
Nous escomptons que cette région du Sud puisse devenir un pôle touristique majeur grâce à ses spécificités et les importants projets institutionnels qui y ont été agréés et ne feront que les conforter.
Propos Patrick Simon recueillis par Mohamed Rakib TOURISMNEWS

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